STATEMENT

(FR)

Liée aux éléments — morts comme vivants — j’explore les lieux en révélant les processus de transformation des matières que je collecte. Mon travail engage le corps : je file, coupe, tisse, teins, imprime et métamorphose des matériaux qui portent déjà leurs propres récits. Avant chaque performance, j’élabore des formules alchimiques nourries par les énergies spécifiques à chaque site. In situ, je fais apparaître des fragments d’histoires prélevées dans le paysage, ouvrant un espace où l’inattendu active une conscience façonnée par les éléments.
Mes des-laissées, sculptures éphémères, s’assemblent et se dissipent. Leurs vestiges, photographiés puis accrochés, fonctionnent comme des témoins et des marqueurs de zones où se négocient nos formes contemporaines de justice, de mémoire et d’attention.
La sculpture comme mausolée, la méditation comme abstraction et l’anthroposophie comme chemin ouvrent des états de perception qui dialoguent avec la transe créative. Ces passages esthétiques interrogent l’être — et les identités dissociées qui nous traversent.
La confection intuitive de costumes à partir de matériaux glanés alimente l’écriture d’autofictions. Les reliquaires d’une œuvre inachevée, fragiles et parfois éphémères, tissent des liens impermanents. Mes gestes révèlent la matière, ses métamorphoses et la nécessité de son recyclage dans une pratique qui relâche, veille et prend soin.

(ENGL)

Connected to the elements — both the dead and the living — I navigate places by revealing the transformative processes within the materials I gather. My work is rooted in the body: I spin, cut, weave, dye, print, and metamorphose substances that already carry their own narratives. Before each performance, I develop alchemical formulas shaped by the specific energies of each site. In situ, I bring forth fragments of stories drawn from the landscape, opening spaces where the unexpected activates a consciousness shaped by elemental forces.
My des-laissées — ephemeral sculptures — assemble and disperse. Their remnants, documented and later displayed, serve as witnesses and markers of contemporary zones where notions of justice, memory, and attention are negotiated.
Sculpture as mausoleum, meditation as abstraction, and anthroposophy as a pathway open expanded states of perception that converse with creative trance. These aesthetic passages question the self — and the dissociated identities that inhabit us.
The intuitive crafting of costumes from gathered materials nourishes the writing of autofictions. The reliquaries of an unfinished work, fragile and sometimes ephemeral, weave impermanent connections. My gestures reveal matter, its transformations, and the necessity of its recycling — a practice that releases, watches over, and cares.

(DE)